Croyances et superstitions d’antan

Croyances et superstitions d’antan

Croire

Par définition, l’Homme a un besoin viscéral de Croire : croire, avoir la foi, c’est se rattacher à une puissance divine, à quelque chose ou quelqu’un au dessus de soi, à une « chose » qui maintiendrait en vie et donnerait sens à objectiver sa vie ou simplement un chemin à suivre.

Le Larousse en donne la définition suivante : Croire c’est « Être certain de l’existence de quelqu’un, de quelque chose, de la véracité de quelque chose, tenir quelque chose pour véritable, ou encore c’est être persuadé de l’efficacité de quelque chose ».

La superstition comme fondement de la croyance

Jusqu’au XVIIIe siècle et à la remise en question par les sceptiques et les philosophes qui préconisaient la Raison comme protectrice de l’esprit de l’Homme, les croyances étaient empreintes de superstitions depuis la nuit des temps, se nourrissant des peurs : peur de la maladie, de la météo, de l’épidémie, de la guerre et plus largement, peur de la mort et plus encore, peur du jugement de Dieu que de Dieu lui-même1. D’ailleurs JL Beaucarnot désigne nos ancêtres croyants comme ayant « la foi du charbonnier » soit « l’espérance sinon la certitude d’être sauvé par le respect des dogmes de la religion ». Cela démontre un certain conditionnement par la religion.

Effectivement, naguère, dans le royaume de France foncièrement rural (à 98%), le catholicisme faisait foi depuis les Romains. Les classes populaires s’en remettaient donc à Dieu quant à ce qui se produisait dans la vie, tant en bien qu’en mal ; l’Église a, en conséquence, amené le clivage entre le bien et le mal en faisant exister le dogme du diable, par opposition à Dieu, et donc la croyance en la sorcellerie et la magie noire.

De fait, depuis le Moyen-Age, les esprits ont fabriqué de nombreuses croyances et superstitions auxquelles même l’Élite adhérait. Pour preuve, le médecin et astrologue Nostradamus fut appelé à la cours par Catherine de Médicis et Henri IX2. Jean-Baptiste Thiers cité par L. Desjardin3 en 2011, stipule dans son Traité des superstitions publié à partir de 1679 « qu’aucune catégorie sociale n’est à l’abri des superstitions : Elles trouvent, créance dans l’esprit des grands ; elles ont cours parmi les personnes médiocres ; elles sont en vogue parmi le simple peuple ». Ce curé de Chartres s’était donné le but de dresser une liste exhaustive des convictions populaires afin d’en faire prendre conscience comme d’une chose ridicule à éradiquer4.

Croyances et superstitions = légendes et traditions

Dans ce contexte, ces croyances et superstitions ont donné lieu à des légendes et traditions en Vendée, du temps où elle n’était qu’une partie du Bas-Poitou. Les trois parties distinctes de la région, possèdent toutes leurs us & coutumes et l’on retrouve de fait, la plaine, les marais et le bocage avec ses immenses forêts comme profondes sources d’inspiration puisée de la tradition Gauloise et de ses monuments.

Francisco de Goya a peint en 1797 Le sabbat des sorcières représentant de la sorte, un bouc géant symbolisant le diable, entouré d’une assemblée de sorcière ; et c’est justement cela, le sabbat : la réunion de sorcières en pleine nuit autour d’anciens monuments mégalithiques.

En 1863, l’Abbé F. Baudry (1816-1880), curé du Bernard et passionné d’archéologie, publie une chronique sur les traditions et légendes du canton des Moutiers-les-Mauxfaits ; en 1906 et 1908, d’autres illustres Vendéens ont mis par écrit les mythes et contes qu’autrefois on se rapportait à l’heure des veillées. Le Fontenaisien, Gaston Guillemet5 (1851-1914) et le Gillocrucien, Edmond Bocquier6 (1881-1948), ont glané les légendes, mythes et traditions dans la masse populaire, nous léguant ainsi, de nombreuses connaissances : par exemple, on a écrit sur les légendes mythologiques, sur le mythe chrétien, le mythe de Mélusine, le mauvais œil, les légendes de la mer, d’amour ou encore la mort, les légendes du diable ou enfin, le mythe lunaire et le sabbat des sorcières, c’est sur ce dernier que l’on va s’arrêter.

Sorcellerie Pétindousienne*

Nous nous rendons dans ces circonstances, à SGP ou dit, Saint-Georges-de-pointindoux, et plus exactement au village de la Rocherie. Au XVIe siècle, la paroisse ne fut pas épargnée par la sorcellerie qui ravageait les campagnes et dont l’Église tentait d’y remédier en ordonnant la mort des hérétiques par le feu.

À SGP donc, la légende raconte7 que les nuits de pleine lune, avait lieu autour des vieux rocs du hameau de la Rocherie, le sabbat durant lequel on appercevait les lièvres danser. Ces derniers désignaient les sorciers. Les lièvres comme les chats, incarnaient de puissants symboles de malchance et de superstition.

Dans les faits, on racontait chez les Pétindousiens, que ces lièvres se nourrissaient des chats du village et des perles des chapelets perdus.

Toujours selon la légende, les sorciers & sorcières, s’enduisaient le corps de graisse humaine et d’onguents mystérieux puis, se transportaient dans les airs avec des forces invisibles et démoniaques ou encore, à califourchon sur un balai. Le rituel du sabbat consistait à réciter la messe à l’envers, à prendre une hostie de couleur noir et à énumérer ses méfaits ; les festivités se concluant par l’accouplement du diable et d’une sorcière.

On vit l’apogée des persécutions pour sorcellerie et ses dénonciations conduisant les coupables au bûcher, au XVIIe siècle. Avant ça, on condamnait essentiellement les femmes, mais on finit par atteindre certains hommes d’Église ou encore les filles de bonne famille, et au début des années 1700 à SGP, c’est Marie-Jeanne Arnaud, qui en fit les frais selon Angibaud, qui les consigna dans ses registres8. Il est bien difficile de savoir ce qu’est devenue Marie-Jeanne tant le peu d’informations nous laisse coi !

Aujourd’hui, au XXI e siècle, si vous décidez de suivre la randonnée « St Georges Moulières Gilardière » que propose https://www.sitytrail.com/, ou encore « le Sentier du Bois Neuf » suggéré par https://www.achards-tourisme.com/itineraires/sentier-du-bois-neuf-3-km/, vous passerez par le village de la Rocherie et qui sait, peut-être verrez-vous danser des lièvres !

*Noms des habitants de Saint-Georges-de-pointindoux.

Sources:

1Beaucarnot, Jean-Louis., « IX Mœurs et mentalités : un monde qui avait peur », in Nos ancêtres étaient-ils plus heureux ?, Paris, Edition J’AI LU, 2019, p.431.

2Mozzani, Éloïse., «Magie et superstitions de la fin de l’Ancien Régime à la Restauration », Paris, 1988, 462 pages.

3 Desjardins, L. (2011). Archéologie de la superstition (xvie-xviiie siècles). Histoire des croyances ou histoire littéraire ?. Revue d’histoire littéraire de la France, vol. 111(1), 29-43.

4Lebrun François. Le « Traité des Superstitions » de Jean-Baptiste Thiers. Contribution à l’ethnographie de la France du XVIIe siècle. In: Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest. Tome 83, numéro 3, 1976. pp. 443-465.

5Au pays vendéen, description, histoire, langage, sites et monuments sur http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30558187c.

6Les Légendes de la nuit en Vendée : traditions, contes et superstitions, 1908, sur http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb340887849.

7Revue des traditions populaires, 1907, sur http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344172122.

8Registres paroissiaux SGP – oct.1718-avril 1720 – AD2E218/1 – vue 1/008.

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